Éditions Sorman

Les stations d’épuration sont fortes consommatrices d’énergie. Ainsi en Charente-Maritime, la facture électrique du service des eaux atteint 6,8 millions d’euros par an pour l’ensemble des stations d’épuration. Des solutions existent pour réduire la facture. Ainsi, le syndicat Eau 17 a inauguré le mois dernier, une centrale photovoltaïque (120 panneaux) à Saint-Trojean-les-Bains qui devrait réduire de 30 % la facture d’énergie de la station d’épuration. La solution permet aussi de réduire les émissions de gaz à effet de serre (13 tonnes de Co2 évitées). La station d’Anguiaou à Saint-Paul-lès-Dax est, elle aussi, alimentée par des panneaux photovoltaïques qui permettent de réduire de 36 % la facture énergétique.

Autre innovation, dans le Territoire-de-Belfort cette fois. A la station d’épuration de Froidefontaine, les eaux usées de la commune sont traitées grâce à des roseaux. C’est un choix qu’a fait la communauté de communes du Sud Territoire qui gère la compétence en régie pour les 24 communes de son périmètre. Elle a déjà installé trois stations d’épuration de type rhizosphère ou à filtre planté de roseaux. Un tel système ne requiert pas de produits chimiques ou des équipements électromécaniques complexes. Les micro-organismes dégradent la pollution organique autour des racines des roseaux. Ce procédé n’est pas transposable partout, il est adapté aux petites stations d’épuration (à Froidefontaine, un peu plus de 1 500 habitants).

Les roseaux présentent plusieurs avantages : ils assurent une vitesse d’infiltration et la répartition des eaux sur tout le filtre ; ils ont un système racinaire très épais qui favorise l’oxygénation des filtres et donc la multiplication des bactéries ; ils continuent de croître même en hiver, ce qui assure le fonctionnement permanent de la station ; ils oscillent facilement sous l’effet du vent. Le mouvement de leurs tiges et de leurs racines dans la masse des boues en surface et dans le sol, empêche le colmatage des lits filtrants par les boues.

La station nécessite également un entretien spécifique : désherbage, fauchages réguliers. Mais, un entretien assez simple : les roseaux sont faucardés une fois par an ce qui évite de colmater le système et c’est l’occasion de vérifier le bon fonctionnement du filtre. Les boues qui se transforment en terreau au premier étage de filtres, sont curées tous les 10 ans environ. La construction d’une station de ce type ne nécessite une emprise au sol que de 1,5 à 2 m2 par équivalent habitant. Elle s’intègre parfaitement dans les paysages. Elle ne produit pas de nuisance sonore, visuelle ou olfactive. Elle ne pose pas non plus de problème de stockage et de traitement des boues.

Michel Degoffe le 15 mai 2025 - n°21 de La Lettre des Services Techniques