Éditions Sorman

Les collectivités locales doivent faire feu de tout bois pour réduire leurs dépenses et en particulier leur facture énergétique. Symphonics (https://symphonics.fr/), entreprise fondée en 2023 mais qui compte déjà 80 000 clients et optimise la gestion de 380 000 équipements, peut leur apporter des solutions que son président-fondateur, Mathieu Rochard nous présente.
LaLdesST : votre entreprise est récente et connait une croissance rapide. Pouvez-vous nous en dire plus sur la genèse du projet ?
Mathieu Rochard : avec mon associé, nous avons 20 ans de pratique de l’électricité. J’ai travaillé chez EDF, chez Direct Energie puis chez Total Energies dans le domaine de la fourniture d’électricité et de l’efficacité énergétique. Le développement des énergies renouvelables bouleverse le marché de l’électricité. Cette électricité devient compétitive mais son intermittence pose de nouveaux problèmes de gestion du réseau. Nous avons donc eu l’idée de créer une plateforme de pilotage des équipements et trading qui a exigé deux ans de préparation. Ce projet est original car les grands groupes ne sont pas prêts à consacrer autant de ressources à ce projet. Nous nous sommes donc lancés en créant notre entreprise.
LaLdesST : l’évolution des heures creuses qui est entrée en vigueur le 1er novembre s’explique par l’évolution que vous décrivez ?
Mathieu Rochard : oui, il y a de plus en plus d’électricité produite à partir d’énergie solaire, donc la journée. L’électricité devient donc moins chère à certaines heures de la journée. Il peut donc y avoir de l’électricité à bas prix à 14 heures et les prix sont désormais moins chers que les prix de nuit. Cela peut également dépendre des saisons, car il y a plus de soleil et donc plus de production photovoltaïque en été. D’où la nécessité d’une gestion constante de la consommation. C’est le premier service que nous assurons grâce à notre plateforme. Nous travaillons à distance et, par conséquent, pour toute collectivité quelle que soit la région. Notre outil permet de décaler la consommation aux heures les plus favorables, au moment où l’électricité est la moins chère et la moins carbonée (c’est-à-dire lorsqu’elle est issue d’énergie renouvelable). Cet aspect est également intéressant puisque les communes ont des objectifs à atteindre en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Nous assurons une autre mission : nous rachetons l’électricité. Imaginons, par exemple, comme c’est fréquemment le cas, qu’une commune installe des panneaux photovoltaïques sur les toits de ses bâtiments publics. Nous lui rachetons le surplus d’électricité ce qui lui permet de rentabiliser son projet. Lorsque la commune produit de l’énergie renouvelable, elle peut soit la revendre à EDF dans le cadre d’une obligation d’achat, soit la revendre à un acteur comme notre entreprise, soit monter un projet d’autoconsommation collective. Avec le désengagement des pouvoirs publics sur le soutien du renouvelable, les collectivités locales auront de plus en plus besoin d’une entreprise comme la nôtre pour continuer à investir et développer des projets car le solaire est rentable et peut l’être encore plus avec des batteries. D’où la nécessité de piloter intelligemment ses installations.
LaLdesST : vous vous engagez à obtenir une réduction de 20 % au moins de la facture de votre client ?
Mathieu Rochard : oui au moins. Notre plateforme est connectée à Enedis afin d’avoir en temps réel, les heures creuses et sur le marché de l’électricité pour connaitre, en temps réel également le prix de l’électricité.
LaLdesST : quel est le coût de votre service pour la collectivité qui fait appel à vous ?
Mathieu Rochard : notre prestation ne leur coûte rien. Nous sommes rémunérés par RTE en contrepartie du service qu’on leur rend dans la gestion des flux. Il me semble que la plus grande flexibilité dont témoignent les nouvelles heures creuses vont obliger les services techniques à développer une gestion instantanée de la consommation électrique. On peut également relever les obligations qui découlent du décret tertiaire. Ainsi, dans le cadre d’une délégation de service public, une collectivité avait une quarantaine de bus électriques (puisque les collectivités ont l’obligation d’électrifier leur parc de véhicules) qu’elle rechargeait à la fin de leur service du matin (9 heures) et du soir (18 heures) c’est-à-dire à un moment où l’électricité est la plus chère. Nous avons programmé une recharge en pleine nuit.

Michel Degoffe le 27 novembre 2025 - n°32 de La Lettre des Services Techniques