Éditions Sorman

Il y a deux ans, lorsque les prix de l’énergie ont augmenté de manière exponentielle, les communes ont souvent décidé d’éteindre l’éclairage public la nuit avec les risques de montée de l’insécurité. Il existe, pourtant, des procédés techniques qui permettent de concilier les objectifs d’économie d’énergie et de maintien de la sécurité. Ainsi, la ville d’Eysines en Gironde a mis en place le dispositif « J’allume ma rue ». Grâce à un site internet, les passants peuvent allumer les points lumineux sur leur chemin. La mise en œuvre de l’application suppose quatre étapes : l’administré doit se rendre sur le site, accepter la géolocalisation sur son smartphone, s’assurer que la position indiquée est la bonne sur la carte, enfin cliquer sur l’ampoule pour que l’éclairage autour s’allume et suive le passant dans son déplacement. Le dispositif est utilisable entre 1 heure et 6 heures du matin, période pendant laquelle l’éclairage est éteint.
A Agen, Fonroche a équipé l’agglomération d’éclairage solaire. L’entreprise intervient partout en France et pas seulement dans les régions ensoleillées. Elle éclaire, par exemple, 6 kilomètres d’une autoroute dans le Nord. Le solaire permet alors d’assurer un éclairage constant tout en réduisant les coûts. Les élus d’Agen ont cependant choisi d’éteindre une partie de la nuit dans le souci de protéger la biodiversité.
Bouscat en Gironde a remplacé ses sources classiques d’éclairage par des ampoules Led (investissement 1,5 million d’euros). Mais elle a associé à ce renouvellement la télégestion et la télédétection. Un logiciel permet, à partir de la mairie de moduler l’éclairage selon les plages horaires : 100 % jusqu’à 20 heures, réduction de 10 % toutes les heures entre 20 h et 1h et 30 % de 1 heure à 5 heures. Cela vaut pour les artères principales. Dans les autres rues, la télédétection est privilégiée. Chaque luminaire est programmé avec un seuil haut (entre 80 et 100 % de la puissance d’éclairage déclenché dès le passage d’un piéton ou d’un cycliste) et un seuil bas (10 % de la puissance d’éclairage). Avec ces systèmes, on peut faire 80 % d’économie. Ensuite, il convient de choisir qui de l’usager ou des services techniques gère l’utilisation de l’éclairage. La balance devrait plutôt pencher du côté de la commune car le maire, autorité de police administrative, a la charge de veiller à la sécurité publique.
Ajoutons que le prix du kilowattheure est moins élevé la nuit. L’électricité est produite par nos centrales nucléaires qui fonctionnent constamment et l’électricité n’est pas stockable. Celle qui est produite la nuit doit donc être consommée.

Michel Degoffe le 13 mars 2025 - n°17 de La Lettre des Services Techniques